FRANZ LISZT, LES FEMMES ET LE POINT D’HONNEUR
Franz Liszt ne fut pas un abbé libertin
C’ est le message, preuves à l’ appui, que Françoise Quédeville-Marmey vice -présidente de l’ association Sur les pas de Liszt a voulu faire passer lors de sa conférence du 16 novembre 2024 à la Schola cantorum.
C’ est une réputation qui s’ est enkystée via la littérature, les différents média comme le cinéma dont beaucoup se sont repus de cette image croustillante permettant d’ augmenter sans doute le volume des ventes ou de l’ audimat,.
Ni abbé, les tiers ordres qu’ il prit en 1865 étaient des ordres laïcs qui ne l’ empêchaient pas de se marier et c’ est Liszt lui-même qui s’ est imposé la soutane avec la justification suivante:
« Quand le moine est tout fait au dedans, pourquoi ne pas y approprier à l’ extérieur l’habit »
Ni libertin au sens où nous l’ entendons aujourd’hui « qui s’ adonne aux plaisirs de la chair ». En effet il fut plus que raisonnable par rapport à ses contemporains, Chateaubriand auteur du Génie du christianisme, Victor Hugo, Dumas, Musset etc…
Il a d’ abord été victime du harcèlement des femmes, Liszt était beau, séduisant davantage que séducteur, charismatique et on ne prête qu’ aux riches! Il a aussi été victime de femmes qui n’ ont pu l’ avoir ou le garder, et qui ont publié des romans vengeurs et croustillants, véritables best sellers de l’ époque.
Mais il peut aussi être rendu responsable de cet état de fait. Son atermoiement entre son désir d’une vie monastique et d’ une vie mondaine, entre la foi sincère et le besoin d’ être aimé au sens large, d’ être apprécié, reconnu ne pouvait qu’ alimenter les ragots et commérages des salons et de la presse. Le paroxysme fut atteint quand il opta pour la soutane, alors que chacun savait que les deux grandes compagnes de sa vie furent deux femmes mariées qui quittèrent tout pour lui mais qu’ il ne put épouser.
La jalousie des hommes, les opposants à la modernité de sa musique, contribuèrent aussi aux commérages et rumeurs de multiples conquêtes, beaucoup sans aucune preuve.
Ainsi le très sérieux Professeur Alan Walker, musicologue et chercheur de conclure après une quarantaine d’ années de recherche lisztienne: « Plus de 150 ans se sont écoulés, et pas une seule pièce véritablement probante n’ a été mise à jour qui prouve que le lien de Liszt avec l’ une de ces femmes n’ a été de nature sexuelle ».
Liszt fut toute sa vie un homme d’ honneur à l’ égard des femmes comme en ont témoigné tous ceux qui l’ ont fréquenté, notamment ses nombreux élèves qui ont tous attesté de son sens excessif du devoir et de l’ honneur.
Liszt fut aussi un féministe convaincu, ce qui est méritoire à une époque où la femme artiste était méprisée, « Le génie est mâle » selon les frères Goncourt, allant de chœur avec les innombrables misogynes de l’ époque. Liszt après un passage dans les cercles saint-simoniens prônant l’ égalité homme / femme, n’ a cessé de fréquenter des femmes érudites, et a pu avoir conscience de l’ injustice faite aux femmes parce que femme. Ainsi cette phrase, on ne peut plus probante, écrite à la talentueuse pianiste et compositrice Marie Jaëll « Un nom d’ homme et vos partitions seraient sur tous les pianos ». En plus d’ être un humaniste convaincu, il s’ est fait un point d’ honneur à aider, recommander, promouvoir trois générations de femmes à chaque fois qu’ elles ont eu du talent.
En conclusion, Liszt homme déchiré entre la musique, la foi et l’ honneur n’ a certes pas été un enfant de chœur comme on dit, mais la foi sincère et le sens de l’ honneur authentique de ce personnage hors normes si difficile à saisir, étaient trop profonds pour avoir été ce coureur de jupons invétéré que plusieurs par facilité ou soucis du croustillant se plaisent à propager. Pour terminer la parole fut laissée à Liszt :
« Tant de mensonges, d’ affabulations, tant de niaiseries ont été écrits sur moi
Mais vous voyez , c’ est ainsi qu’ on écrit l’ histoire. Et ce qu’ il y a de pire…il faut laisser dire les gens et se taire. »
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